Interview de Cécile, facilitatrice agile chez KNP (Nantes)
Publié le
4 avr. 2022
Un peu de contexte pour nos gentils lecteurs... peux-tu décrire ton parcours en quelques phrases ?
Alooors, après un BTS qui date de l'époque où les modems faisaient du bruit, je me suis lancée comme dev PHP à mon compte, avant de rejoindre une grosse SSII (aujourd'hui on dit ESN - "euèssène"). A l'époque, entre 2005 / 2010, il y avait très peu de boîtes qui faisaient du PHP sur des projets d'envergure. Du coup j'ai souvent bossé toute seule et je me suis vite rendue compte que ce que je faisais fonctionnait mais qu'il était certainement possible de mieux faire, sans pour autant savoir comment m'y prendre*.
À un moment s'est présentée l'opportunité de faire une formation sur du Java, qui était la techno par excellence utilisée pour les projets grands comptes. J'ai découvert un monde totalement différent, où les gens utilisaient des vrais IDE, faisaient des tests, de l'intégration continue, bref : la version "pro" du code, ce qui est quand même fou compte tenu du fait que ça faisait déjà 5 ans que je travaillais en temps que dev. Ça revient un peu à imaginer qu'un apprenti boulanger bosse sans pétrin pendant les premières années de sa carrière : ça n'arrive pas. Malheureusement c'est monnaie courante dans le monde du dev.
Ça a été un véritable électrochoc. Associé au fait que je bossais dans un environnement hyper hiérarchisé où les développeurs n'avaient littéralement aucun pouvoir de décision, je me suis progressivement désintéressée de ce métier. C'est à ce moment que j'ai découvert l'agilité, et avec elle la promesse de pouvoir remettre le dev à sa place de dev : au centre des projets. De par mon expérience précédente de developpeuse, j'étais déjà convaincue : ce sont les devs qui ont l’expertise technique, ce sont les devs qu'il faut écouter.
C'est hyper long !
Oui mais c'est pas fini ! J'ai donc été Scrum Master pendant deux ans avant de devenir Coach agile. Ça a été une expérience assez pénible, car j'avais l'impression de faire du bullshit à longueur de journée. J'avais d'un côté des équipes opérationnelles hyper motivées, volontaires pour regagner en efficacité et, de l'autre, une direction ultra politisée qui faisait juste de l'agilité parce que c'était la mode et qu'on leur avait fait des promesses de rendements exceptionnels...
J'assistais à beaucoup de conférences agiles à cette époque, où j'ai croisé Ève plusieurs fois. Je me suis totalement reconnue dans une des présentations qu'elle a faite de notre métier et j'ai finalement pris le temps de répondre à une offre de KNP que j'avais repérée depuis quelques semaines.
Mais qui est Ève ? C'est l'autre fafa de KNP, dont l'interview est ici !
C'était une candidature de cœur, je savais que je n'avais pas besoin de les convaincre sur les vertus de l'agilité, ils étaient eux aussi déjà convaincus et avaient juste envie de le faire et de le faire bien. Qui plus est, je me suis rendue compte pendant mon entretien qu'ils n'étaient pas dogmatiques sur les principes agiles, ce qui a rendu la collaboration encore plus évidente.
On avait dit quelques phrases... peux-tu nous parler de ton arrivée chez KNP ?
Ça a été à la fois génial et totalement déstabilisant, car il a fallu que je déconstruise la relation que j'avais vis-à-vis de la hiérarchie. Comme beaucoup, j'avais l'habitude de travailler avec un chef qui validait ou invalidait tout ce que je faisais. Rien de ça chez KNP. J'ai dû apprendre l'autonomie et à assumer mes prises de décision, surtout vis-à -vis de Laetitia qui ne se comporte pas comme notre boss mais comme notre égale. Ça n'avait rien à voir avec tout ce que j'avais connu jusqu’à présent.
Sur quels projets travailles-tu en ce moment ?
A la différence des devs, qui travaillent en général sur un seul projet client, nous autres fafas travaillons toujours sur une multitude de sujets. En ce moment j'ai trois projets "temps plein", c'est-à-dire où il y a une équipe permanente :
- Basik, une solution d'édition print et numérique pour le commerce
- Imparfaite, la refonte d'un site de e-commerce
- La refonte de notre magnifique site KNP que vous découvrirez prochainement, qu'on a décidé de conduire comme un "vrai" projet client, c'est-à-dire avec de la facilitation, une équipe, un budget...
A côté de ça j'ai d'autres sujets sur lesquels j'interviens plus ponctuellement :
- Deliver, où j'anime les rétrospectives
- 9e store, un e-commerce qu'on a entièrement développé from scratch et pour lequel on fait quelques jours de TMA par mois (lire l'article de Pierre et Fabien sur 9e store)
- prepECN, pour les mêmes raisons
Je travaille aussi sur une avant-vente, et je fais les follow-up des équipes, même si cette dernière partie ne fait pas partie intégrante du métier de fafa. C'est quelque chose que j'ai décidé de faire en plus parce que ça m'intéressait.
Diable, mais qu'est ce qu'un follow-up ? Lire la jolie définition donnée par Ève.
Tout un programme ! Dans tout ça, que préfères-tu dans ton métier ?
Parler ! Plus sérieusement : me sentir utile et résoudre des problématiques, même si ce n'est pas forcément moi qui vais résoudre les problèmes, le plus souvent ce sont les devs et les clients, mais je contribue à mettre en place tout le terrain qui va faciliter le fait qu'on trouve une solution.
On avait par exemple un client hyper pushy sur la vélocité et la productivité, qui a créé une sorte de compétition interne assez malsaine dans l'équipe. Du coup on a changé le cap sur la façon de faire la démonstration des fonctionnalités qu'on livre chaque semaine : au lieu que chacun montre ce qu'il a réalisé individuellement, on choisit une seule personne qui fait la démonstration de ce qui a été développé par tous.
Ça a eu deux effets immédiats : premièrement, comme la production individuelle était diluée dans ce qui était fait collectivement, on a repris le contrôle sur ce que l'on montrait et le client s'est rendu compte qu'en moyenne, le rythme de l'équipe était le bon ; deuxièmement, ça a permis aux développeurs de mieux appréhender ce qui était fait par leurs collègues, ce qui n'est pas forcément évident quand ils sont concentrés sur le périmètre de leurs fonctionnalités.
Dans ce genre de situation, j'ai l'impression que toutes mes qualités sont utilisées à leur juste valeur, je suis sereine et je me sens à ma place. Comme si toutes les facettes de ma personnalité collaient exactement à ce que l'on attend de moi à ce moment-là.
Quelle aide as-tu pu recevoir de tes collègues, ou de KNP ?
Au sein de KNP, j'ai deux types d’équipes : mes équipes projet, les développeurs et clients, et mon équipe de fafas dont font partie Ève, Anaïs et Laetitia (même si elle n'est pas fafa, mais bon, bref c'est compliqué :D). Ces deux équipes m'aident au quotidien, mais pas de la même façon.
Je dis souvent aux équipes projet : "je veux bien vous aider, mais il faut que vous m'aidiez à vous aider". Ce qu'il y a derrière ça, c'est qu'on peut toujours décider ensemble d'un plan d'action, mais au final la mise en œuvre de ces actions sera le plus souvent du côté des devs et des clients. J'ai donc besoin qu'ils assurent mes arrières en me donnant les bons arguments pour m'aider à convaincre le client du bien fondé des décisions qu'on est amenés à prendre.
Ce sont aussi les devs qui me signalent parfois qu'ils ont besoin de pouvoir davantage s'appuyer sur moi, que je leur ai peut-être laissé un peu trop d'autonomie. Dans tous les cas on a suffisamment confiance les uns les autres pour pouvoir se dire les choses, c'est le pouvoir magique des rétrospectives !
Dans l'équipe de fafas, on est "un poulpe à quatre cerveaux", même si je conçois que cette image puisse en perturber plus d'un. Elles ont un point de vue extérieur sur ma façon de faciliter et donc une distance critique que je n'ai pas forcément. Elles me donnent des tips au quotidien, des nouvelles idées. Une situation typique, c'est lorsqu'il y a une "mauvaise" nouvelle à annoncer à un client, par exemple lorsqu'un dev était très attendu sur un projet et que son arrivée est contrariée. Juste en leur expliquant la situation, elles vont rebondir et m'aider à construire un argumentaire avec lequel non seulement je suis à l'aise, mais dont je suis convaincue et que je serais donc capable de défendre plus facilement.
Avec Ève et Anaïs, on est capable de s'échanger un projet lorsque l'on sent une perte d'énergie ou une baisse d'envie. On est toujours disponibles les unes pour les autres pour se relayer sur les projets, soit totalement, soit juste en discutant pour recréer une dynamique, se rebooster.
As-tu conscience que ton interview est trois fois plus longue que les autres ?
Tout à fait et personne chez KNP ne sera surpris non plus ^^
Pour ceux qui ont lu jusqu'ici, que leur dirais-tu pour leur donner envie de rejoindre KNP ?
Si tu es prêt à t'impliquer émotionnellement dans une boîte, KNP est la meilleure boîte du monde.
Si tu es dev, le premier truc à savoir sur KNP, c'est que c'est vraiment une boîte de devs. Il y a plus de devs que de managers. Du coup si tu en as marre d'être la cinquième roue d'un carrosse tout cabossé et que tu veux redonner du sens à ton job, c'est le bon endroit.
Pour une fafa, si tu en as marre de faire de l'agilité bullshit ou de la politique politicienne, viens tester l'opérationnel joyeux chez KNP.
Pour finir, un petit highlight sur un aspect qui distingue vraiment KNP des autres boîtes ?
En fait, on fait la même chose que les autres boîtes. On est ni meilleurs ni pires, on s'adresse aux mêmes clients, on traite les mêmes types de besoins, les typologies de projets sont grosso modo les mêmes, certains se passent bien, d'autres moins. Mais par contre on fait tout différemment : en transparence avec le client qui a une vraie latitude pour changer les choses en cours de projet ; en transparence avec les techs qui ont un vrai pouvoir de décision.
Ensuite, on sait que la responsabilité d'un projet n'est pas portée par les individus mais par le collectif. On sait qu'il y a des moments où on est hyper énergiques mais aussi des moments où on ne l'est pas.
KNP fait tout son possible pour tenir compte des personnes. On attend jamais de moi que je sois une machine et que je sois à mon top tout le temps. L'environnement favorise le fait que je puisse dire quand je ne vais pas bien, quand je n'ai pas la disponibilité d'esprit ou l’énergie pour pouvoir faire correctement mon job pendant une période difficile sur un projet. Je peux me montrer vulnérable avec mes collègues et même avec ma patronne, leur dire que je ne fais pas du bon boulot et qu'il faut donc qu'on trouve une solution. À part chez KNP, je n'ai jamais connu ça dans mes boîtes précédentes, où pour faire globalement passer le même message il fallait tout enrober dans une sorte de soupe, avec la peur de perdre son job si ladite soupe n'était pas assez digeste.
Enfin, dans n'importe quelle autre ESN, le plus souvent, le seul moyen qu'a un dev de quitter un projet qui le rend malheureux, c'est de quitter la boîte. Chez KNP, si on te propose un projet qui ne te convient pas, il te suffit de le dire. On essayera toujours de trouver une autre solution.
Cécile Especel, facilitatrice agile chez KNP Labs à Nantes.
Notes
* La locution exacte utilisée pendant l'interview de Cécile était "Je voyais bien que je faisais de la merde, mais je savais pas comment faire mieux" N.d.l.r
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